vendredi 5 décembre 2008

GOMEZ GOLPE, Raciel Ignacio

Raciel Ignacio Gomez Golpe est né en 1978 à La Havane, Cuba. Peintre et sculpteur, il vit et travaille dans la municipalité coloniale de Guanabacoa à La Havane. Ce gradué de l'Académie des Beaux-Arts San Alejandro, bien que spécialisé en sculpture, nourrit un intérêt passionné ces dernières années pour le dessin et la peinture de maisons cubaines au délabrement avancé, rendues inhabitables par l'inexorable passage du temps que l'on peut trouver à presque tous les coins de rue de la capitale cubaine. Son approche est authentique, son désir est de rendre ses oeuvres aussi réelles que possible: il visite ces maisons régulièrement, les dessinant et les redessinant encore, jusqu'à ce que les structures s'écroulent et disparaissent. Il les saisit soigneusement en deux dimensions grâce à sa fine expertise de la tridimensionalité, portant attention à chaque détail, au contraste du côtoiement des vieux bâtiments et des plus récents, rendant à merveille la luminosité typique du chaud soleil cubain. Tous ceux qui ont connu Cuba, la retrouvent un peu dans ses tableaux. Par le biais de ces architectures en voie de disparition, il construit une chronique, une référence historique d'un phénomène sociologique universel. Ces ruines sont une allégorie symbolique de la vie de l'homme, de l'homme qui laisse sa marque partout où il passe. Ici, nous sommes témoin de la disparition des constructions identifiables à un pays, un quartier, un homme. Nous faisons face à la standardisation, à l'aplatissement des différences, à la fin d'une ère, à l'érosion de ses limites. Raciel s'imprègne de tout ce qui l'entoure... parfois une idée inspirante lui vient un bref moment, le reste est issu d'un processus profond tissé d'étude et de persévérance qui demande beaucoup de travail... Il utilise la photo comme stricte référence, car il peut lui arriver d'ajouter ou de retirer des éléments afin que l'ensemble puisse relayer le message qu'il désire. Raciel a exposé principalement à Cuba, mais suite à une exposition nationale, il fut invité à se joindre à l'événement Cuba Nostalgia de Miami en 2004. Ses tableaux font partie de nombreuses galeries et musées depuis.

Feuilles de zinc corrodées, façades inégales et fragiles qui font douter que quelqu'un ait jamais pu y vivre... Je me rappelle enfant, ces vieux garages, appendices, derrière les maisons de mon quartier. Il m'était défendu d'y entrer à cause de leur grand délabrement et parce que ce n'était pas chez moi, bien sûr. Mais idéal pour jouer à la cachette. Endroits mystérieux comme des caves d'Ali Baba, ou de fabuleux greniers remplis d'outils rouillés et de choses vétustes et poussiéreuses, sentant le bois humide, le foin, et la terre. Endroits de coins noirs où il ne fallait pas suivre les étrangers qui nous donnent des bonbons... Lieu de tous les tabous, de tous les oublis et de tous les trésors... Trente années plus tard, emménagées à Montréal, j'ai retrouvé à nouveau ce type de construction délabrée et haute de trois étages dans la cour. J'y ai fait un jardin surplombant la ruelle. Puis, un jour, sur ordre de la ville, je l'ai vu se faire abattre, démanteler et remplaçer par un jardin cloturé.

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