samedi 6 décembre 2008

MONKMAN, Kent








Kent Monkman est d'ascendance wampy-cri et anglo-irlandaise de la bande autochtone Fisher River du nord manitobain. Il a grandi à Winnipeg et vit et travaille à Toronto. On le voit ici en civil et en tant que son alter ego Miss Chief Eagle Testickle. Déjà dans son enfance, il aimait peindre et dessiner. Il a toujours su qu'il serait artiste et est devenu peintre, cinéaste, illustrateur et artiste visuel. Sa formation est solide: programme d'Art commercial du Sheridan College d'Oakville (Ontario); The Banff Centre en Alberta (1992); le Sundance Institute de Los Angeles (1998); et le Canadian Screen Training Institute (2001). Il aime explorer l'influence du Christianisme sur les peuples autochtones du monde entier, la portraiture de l'indien romantique par les peintres du 19e siècle, les rapports du pouvoir sexuel, la thématique globale des stéréotypes drag queen. Il aime désarçonner les présomptions sur les peuples autochtones, leur histoire et la colonisation de nos sexualités. Il aime mettre en scène «des fantaisies homo-érotiques et de malicieux renversements de rôles» dans le contexte de toiles classiques de la colonisation. Tel ce portrait de l’artiste «Si je t'aime prends garde à toi!», un composite qui joue avec les éléments et le sens des pièces The End of the Trail de l'artiste américan James Fraser - célèbre statue de l'indien d'Amérique dépossédé et affaissé sur son cheval épuisé - et de Pygmalion et Galatée de Jean-Léon Gérôme - peinture qui montre l'amour de l'auteur pour sa création qui prends vie - en y figurant l'indien dans le rôle de la création masculine et de l'irlandais dans le créateur homosexuel (l'autre moitié de lui-même). Le sujet est le viol et l'union. Pour Monkman, la justice survient lorsque l'artiste affranchi crée son domaine à partir du terrain qu'il choisit de mettre en lumière. Il est servi.

J'admire cette belle intelligence créative qui, avec ingéniosité et humour, fait profondément réfléchir. Je connais un ami qui a travaillé avec les communautés autochtones du nord québécois. Il me racontait comment l'humour est apprécié dans les communications. Comment de longs silences ne gênent aucunement et pavent la voie à la phrase délicieuse, réfléchie et bien formulée qui, à chacun son tour, fera ricaner le groupe. Je sens cette tradition appliquée avec talent partout sur cette toile.

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