dimanche 7 décembre 2008

RYDEN, Mark

Mark Ryden est né à Medford en Oregon aux États-Unis en 1963. Il a obtenu un baccalauréat du Art Center College of Design de Pasadena en 1987. Il vit et travaille à Sierra Madre dans le compté de Los Angeles où il peint son petit bonheur tranquille entouré de ses nombreuses collections de bibelots, statues, squelettes, livres, peintures, et jouets antiques. Il a d'abord connu du succès en 1991 en tant qu'illustrateur du magnifique couvert de l'album Dangerous de Michael Jackson. Mais c'est la revue Juxtapoz et son fondateur Robert Williams, lui-même peintre surréaliste, qui l'aurait encensé conjointement avec Marion Peck et Ray Caesar. Bien qu'il semble faire appel à l'inconscient collectif et à la mémoire comme les surréalistes, il met plutôt en place des éléments porteurs de connotations culturelles ouvertement controversées d'où l'appelation de pop-surréaliste - mais il échappe malgré tout à toute catégorisation. Le monde de Mark Ryden est peuplé de petites filles, de garçons, de lapins et d'une panoplie d'icônes qui nous emportent dans un monde de rêve et de fantaisie comme dans les contes de fée, le côté noir des contes de fée... Car ce qui paraît enfantin et innocent à première vue est dérangeant et nous rempli de stupéfaction. Des images référant à des personnages sulfureux, à des toutous touffus, à la religion, l'alchimie, à des images d'albums d'enfant des années '50, à des tranches de viandes fraîches, des références aux peintures classiques, à de vieilles photos, et tout un catalogue d'objets évoquent des situations macabres, perverses, ambivalentes, sinistres. Magnifiquement, méthodiquement travaillées dans un style maniéré, ses toiles sont toujours de ton pastel et empreint d'une lumière évanescente. Ses protagonistes ont les yeux tous ronds et sont placés au milieu d'un paysage générique inquiétant. Il tente ainsi ultimement de faire appel à une honnêteté sans retenue en nous, notre honnêteté d'enfant, pour s'exprimer sur l'état du monde, de notre relation à nous-même, aux autres et à notre passé. Au cours de la dernière décennie, l'accessibilité de son oeuvre à travers la planète, son habileté, sa technique, son contenu signifiant et ses références culturelles qui ne laissent personne indifférent font courir musées, critiques et collectionneurs sérieux.

Ce petit renne apparemment innocent, amical et sympathique n'est pas rassurant. Est-ce les coins noirs entre les racines de l'arbre ou sur le sentier qui font répéter à notre mère intérieure: «ne t'éloignes pas du chemin», «évite les coins noirs» qui augmente mon anxiété? Est-ce l'ambiance calfeutré du ciel lourd et sombre, électrique, comme à la veille d'un orage d'été qui nous fait craindre de se faire foudroyer et nous donne le besoin pressant de chercher refuge? Hormis la sauterelle sur la feuille au pied de l'arbre, il ne semble pas y avoir d'autre signe de vie animale - cela rend le silence assourdissant. Et bien qu'il soit mignon, ce renne est une poupée qui vient de l'imagination tordue d'on ne sait qui dans le contexte présenté, mais pis encore: de quoi d'autre serait-il capable?





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