samedi 6 décembre 2008

MUNCH, Edvard

Edvard Munch est né le 12 décembre 1863 à Loten, compté de Hedmark en Norvège où son père était médecin-officier de la garnison militaire et sa mère une bonniche de 21 ans sa cadette qu'il avait marié deux ans plus tôt. Sa vie de famille et son oeuvre, de son propre aveu, sont marqués par deux forces antagonistes: la vie de prêtrise, académique et artistique et la vie de marins, rustre et volontaire, entre béatitude et dégénérescence, santé et maladie. Après la mort de sa mère à la tuberculose alors qu'il avait cinq ans, sa tante Karen aménagea avec la famille pour aider à l'éducation des enfants. Grâce à sa forte emprise, bien que la maisonnée fut pauvre parce que son père n'arrivait pas à refuser de soigner les familles pauvres, toute la famille connût des activités ludiques avec les arts. Son père avait l'habitude de conter de la poésie, des histoires de fantômes. Son frère est devenu un conteur émérite. Sont colligés et répertoriés, des exercices systématiques de dessin de la main de Munch d'aussi loin que ses douze ans. D'abord de style impressionniste, il devint surtout expressionniste. Il scandalisa par son style plus que par son propos qui touchèrent la souffrance, la mort et la sexualité. Il fréquenta le Kristiania Technical College (1879) parce que son père considérait important d'être technicien. Mais il décida l'année suivante qu'il serait peintre et entra à la Royal School of Design de Kristiania (1880). Malgré cela, il abandonna pour s'ouvrir un studio avec d'autres artistes sur la rue Karl Johan de Kristiana (1881). Plusieurs tentent de lui offrir des conseils, mais il n'accepte pas bien ces ingérences et trouve que cela gâche ses élans. Après la mort de son père, il prit la décision qu'il ne se limiterait jamais plus à peindre les gens qui lisent et qui tricotent dans leur maison, mais qu'il peindrait ceux qui vivent, souffrent, ressentent vivement leurs émotions. Il tient sa première exposition en 1883. Il connut les encouragements et l'aide de divers amis et artistes au cours de sa carrière qui l'aidèrent soit dans ses déplacements, soit ses études, soit pour établir de nouveaux contacts fructueux, partager un studio, une exposition. C'est à partir de 1902, qu'il assure sa réussite financière. Cela augmentera ses déplacements entre son chez soi, l'Allemagne, Paris, Nice et les occasions de boire. Il en viendra même à refuser de revenir dans son patelin et maintiendra ses voyagements. Ces excès, avec sa santé fragile, le mèneront près de la psychose. Il tentera plusieurs cures avant d'arrêter de boire. En 1912, il exposera aux côtés de van Gogh, Gauguin, et Cézanne à Sonderbund. En 1913, Picasso et lui-même seront les seuls étrangers à l'exposition d'automne de Berlin. C'est l'apothéose. Il se fera construire maints studios à ciel ouvert afin de faire de grandes murales pour l'Université de Kristiana. Après 1919, il vivra une vie relativement recluse, n'appréciant pas être loin de son charbon et ses huiles, au cas où l'inspiration lui viendrait. Lors de la guerre, il refusa de collaborer avec le parti Nazi, son ultime fantôme. Il mourût paisiblement à Ekely le 23 Janvier 1944.

J'ai été fortement impressionné par les travaux de Munch à un très jeune âge. L'angoisse, la dépression, la douleur exprimées dans ses toiles et certaines allusions à la spiritualité et aux fantômes ont marqué mon imagination d'une empreinte indélébile. Il avait conceptualisé visuellement ce que je ressentais et ne savais exprimer même verbalement. Dans le tableau ci-dessous, «Mort dans la chambre du malade», le veille d'un mourant, n'est pas seulement remarquable pour les personnages recueillis, attristés, en attente, en prière, seul face à leur propre expérience, que l'on y voit... mais pour tout ce qu'on y voit pas, inscrit de manière subliminale. Des dessins présents dans leur forme, mais non colorés, annoncent la présence d'esprits tapis dans l'aura de ces personnages, comme accrochés à eux. Parfois de contenu contradictoire, ils peuvent être à la source de sentiments mitigés, conflictuels que ce tableau inspire. Ainsi une boucle au-dessus de la tête de la jeune femme qui fait face, fait penser qu'elle est plus préoccupée par l'idée d'un nouveau chapeau. Un visage souriant est suggéré au-dessus de la tête de l'homme juste à côté. Est-il habité par ses souvenirs de la mourante? Au pied de la jeune fille assise, un ou une bambine joue. Même un animal de compagnie y est dessiné «absent». Autant de représentations d'autres disparus, de projections qui habitent les personnages. Génial.



Aucun commentaire: