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Un jour, ma mère a acheté un piano demi forte pour elle-même d'une maison canadienne respectable. Elle anticipait qu'elle apprendrait la musique plus tard dans sa vie. Cela meublait bien son salon. Le fait que j'étudiais le piano avait peu à y voir. Je pouvais me pratiquer, jouer tout mon saoul, mais le piano demeurerait toujours sa propriété. Ce piano court, qui est encore à ce jour sa propriété, a belle apparence mais émet des sons à courtes résonances. Le grand forte, lui, résonne plus profond, plus long. Le son est plus vibrant, certes pas autant que les pianos à queue, mais plus que les demi forte. La relation à son instrument de musique est essentielle, personnelle et privilégiée... je n'ai jamais pu me lier à ce piano. La situation aurait pu avoir le potentiel de me provoquer, me blesser, me faire souffrir d'une grande injustice... mais le fait de trouver le son de ce piano insatisfaisant a fait que je ne m'y suis jamais vraiment attaché. Un jour, dans une boutique de piano remodelé, j'en ai trouvé un propre, mais peu avenant, qui avait un son extraordinaire. Il m'a suivi pendant une quinzaine d'années où que j'aille. J'ai dû m'en séparer le temps de renverser l'adversité, mais même après quelques années en pension ailleurs, je n'ai jamais pu le récupérer. J'ai dû le donner par proxy il y a quelques mois de cela, sans même une note d'adieu. Cela aurait été trop déchirant.

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