samedi 6 décembre 2008

NERDRUM, Odd

Odd Nerdrum est né en Suède le 8 avril 1944 de parents qui étaient de la résistance dans le seconde guerre mondiale. Il vécut jeune l'absence de sa mère partie aux études en mode, le divorce de ses parents. Mais il apprit après le décès de son père où il lui fut demandé de ne pas se présenter, qu'il n'était pas son fils, mais celui d'un amant de sa mère, lui-même un architecte norvégien connu. Jeune, il a fréquenté la Rudolf Steiner School - une école alternative. Il a étudié à The Art Academy de Oslo en Norvège. Par la suite, il étudia auprès de l'artiste conceptuel Joseph Beuys de Düsseldorf en Allemagne. Le travail de Nerdrum, peintre figuratif qui maîtrise parfaitement le style classique du 17e siècle, est unique de tellement de façons... Parfois même, irrévérencieux, mais surtout profondément réactionnaire. Natures mortes, paysages, scènes avec des personnes, des auto-portraits, quêtes identitaires, où comme ici une seule brique, font partie de ses thèmes. Il produit huit, neuf toiles par année. De son propre avis, il produit du kitsch, pas de l'art. Un débat théorique existe sur le sens de cette appellation: soit elle signifie être romantique réaliste d'une part, mais de l'autre, se refuse à toute définition, réfutant tout ordre d'édit par les instances mercantiles de l'Art, ses oeuvres se contentant d'être présent sans détour et sans prétention aux yeux de qui regarde - kitsch. Odd Nerdrum vit et travaille depuis Reykjavik en Islande. Ses travaux font partie de collections permanentes dans maints musées internationaux et américains, entre autres dans les villes de D.C., New York, New Orleans, Portland, San Francisco, Seattle.

Une brique. L'affluence d'idées, d'émotions, d'associations libres va et vient dans trop de sens pour que je m'attarde sur une seule ou même que je tentes d'en faire le tour... Maison en brique baveuse de mon enfance; sites de construction où traînent des briques; bibliothèque de planches et de briques - mon premier meuble; bric-à-brac - le désordre ordonné des tiroirs de ma soeur, puis de ma fille. Il y a la brique, mais il y a le vide aussi. Et ce n'est qu'une brique. Seule. Sans sens lorsque seule sinon que de provoquer tout ce qui vient de se provoquer...



NEILL, Heather

Heather Neill est née à Honolulu, Hawaï en 1958, la première de quatre enfants et la seule fille d'un père Ministre religieux et d'une mère artiste. Elle a passé une enfance en transit et aller-retour entre Hawaï, la Californie, le Nouveau Jersey et la Pennsylvanie. Sa seule formation artistique est collégiale, et à cette époque, elle ne s'intéressait qu'au dessin au crayon mine et à la gravure. Avec un ami, elle a tenté de maîtriser la sculpture sur bois dans un petit hameau de la Pennsylvanie. L'ami quitta éventuellement pour devenir un expert. Elle demeura dans le patelin, et vécut cinq ans à construire manuellement des chaises traditionnelles en bois. Afin de pouvoir peindre, au cours des vingt-cinq années suivantes, elle a occupé maints boulots: aide à la ferme, ébéniste, relieure, tailleur, décapeur pour une compagnie d'imprimerie et d'encadrement. C'est sa partenaire de vie, Pat, qui l'a convaincu de faire le saut et monter sa première exposition en 2001. Ses sujets sont des objets qui ont du vécu, des portraits, des intérieurs, des paysages, qui détiennent une histoire, sont empreints de sens sous son pinceau réaliste. Elle en saisit l'ossature et les cicatrices pour en raconter l'histoire, la relayer par l'image. Elle peint aujourd'hui à temps plein, divisant son temps entre ses studios à Little Conewago Creek de Manchester en Pennsylvanie et à Martha's Vineyard, Massachussets, toujours accompagnée de son chien Gulliver.

Je nourris un attachement particulier aux endroits de villégiature de la côte est américaine. On y retrouve une culture de la beauté, de la lenteur, de l'histoire. Martha's Vineyard est un île inoubliable. J'y ai vu mes premières vaches Oreo, y ai fait ma première sortie de voile... L'été, on y trouve de tout: des vedettes, des artistes, des plages, des chevaux, des pistes cyclables, des ports, des sports... des falaises, une flore incroyable, des bains de boue thérapeutiques, plages nudistes ou en alcôve peu fréquentée... et beaucoup de propriétés privées... très privées. Pour parvenir à l'île, il s'agit de réserver longtemps d'avance le ferry qui y mène... L'été, les couleurs paraissent toujours plus pénétrantes et extraordinaires... Sur cette toile, il existe un énorme contraste entre la température au large et celle de la plage... Il me semble même que nous soyions en fin de journée malgré que la tasse suggère que nous soyions le matin... Mais si c'Est les vacances... peu importe!

NEDD, Jason

Jason Nedd est né le 20 novembre 1972 à Tobago où il vit toujours. Il a su dessiner à un très jeune âge. Adolescent, il a fréquenté le Roxborough Composite School où le Comité des Arts de Tobago lui a donné une reconnaissance pour son rendement extraordinaire en art. Jason a peint sur les T-Shirts et autres tissus, peint à l'acrylique et à l'aquarelle, mais c'est pour la peinture à l'huile qu'il est devenu passionné et n'a de cesse de se parfaire par la lecture, l'étude et l'expérience. Il a développé un style très personnel et participé à maintes expositions à Trinidad et Tobago. Ces dernières lui ont assurés maintes commandes.

J'ai des amis de Trinidad et Tobago. Ils m'ont tous dit que dès que l'on met le pied sur une de ces îles, la différence du rythme de vie y est palpable, audible et comporte son propre parfum. C'est ce que l'on sent sur ces toiles. Un autre rythme. À part les noix de coco, les bananes et le plantain sont très représentatifs des fruits accessibles dans les îles. Mais ce qui transparaît surtout dans chacune de ses toiles, la lumière éclatée du soleil... J'ai voyagé dans les archipels de la Floride et déjà la lumière y apparaît éclatée. Je n'ose imaginer dans les îles plus au sud... mais m'y visualise volontiers...

MUNCH, Edvard

Edvard Munch est né le 12 décembre 1863 à Loten, compté de Hedmark en Norvège où son père était médecin-officier de la garnison militaire et sa mère une bonniche de 21 ans sa cadette qu'il avait marié deux ans plus tôt. Sa vie de famille et son oeuvre, de son propre aveu, sont marqués par deux forces antagonistes: la vie de prêtrise, académique et artistique et la vie de marins, rustre et volontaire, entre béatitude et dégénérescence, santé et maladie. Après la mort de sa mère à la tuberculose alors qu'il avait cinq ans, sa tante Karen aménagea avec la famille pour aider à l'éducation des enfants. Grâce à sa forte emprise, bien que la maisonnée fut pauvre parce que son père n'arrivait pas à refuser de soigner les familles pauvres, toute la famille connût des activités ludiques avec les arts. Son père avait l'habitude de conter de la poésie, des histoires de fantômes. Son frère est devenu un conteur émérite. Sont colligés et répertoriés, des exercices systématiques de dessin de la main de Munch d'aussi loin que ses douze ans. D'abord de style impressionniste, il devint surtout expressionniste. Il scandalisa par son style plus que par son propos qui touchèrent la souffrance, la mort et la sexualité. Il fréquenta le Kristiania Technical College (1879) parce que son père considérait important d'être technicien. Mais il décida l'année suivante qu'il serait peintre et entra à la Royal School of Design de Kristiania (1880). Malgré cela, il abandonna pour s'ouvrir un studio avec d'autres artistes sur la rue Karl Johan de Kristiana (1881). Plusieurs tentent de lui offrir des conseils, mais il n'accepte pas bien ces ingérences et trouve que cela gâche ses élans. Après la mort de son père, il prit la décision qu'il ne se limiterait jamais plus à peindre les gens qui lisent et qui tricotent dans leur maison, mais qu'il peindrait ceux qui vivent, souffrent, ressentent vivement leurs émotions. Il tient sa première exposition en 1883. Il connut les encouragements et l'aide de divers amis et artistes au cours de sa carrière qui l'aidèrent soit dans ses déplacements, soit ses études, soit pour établir de nouveaux contacts fructueux, partager un studio, une exposition. C'est à partir de 1902, qu'il assure sa réussite financière. Cela augmentera ses déplacements entre son chez soi, l'Allemagne, Paris, Nice et les occasions de boire. Il en viendra même à refuser de revenir dans son patelin et maintiendra ses voyagements. Ces excès, avec sa santé fragile, le mèneront près de la psychose. Il tentera plusieurs cures avant d'arrêter de boire. En 1912, il exposera aux côtés de van Gogh, Gauguin, et Cézanne à Sonderbund. En 1913, Picasso et lui-même seront les seuls étrangers à l'exposition d'automne de Berlin. C'est l'apothéose. Il se fera construire maints studios à ciel ouvert afin de faire de grandes murales pour l'Université de Kristiana. Après 1919, il vivra une vie relativement recluse, n'appréciant pas être loin de son charbon et ses huiles, au cas où l'inspiration lui viendrait. Lors de la guerre, il refusa de collaborer avec le parti Nazi, son ultime fantôme. Il mourût paisiblement à Ekely le 23 Janvier 1944.

J'ai été fortement impressionné par les travaux de Munch à un très jeune âge. L'angoisse, la dépression, la douleur exprimées dans ses toiles et certaines allusions à la spiritualité et aux fantômes ont marqué mon imagination d'une empreinte indélébile. Il avait conceptualisé visuellement ce que je ressentais et ne savais exprimer même verbalement. Dans le tableau ci-dessous, «Mort dans la chambre du malade», le veille d'un mourant, n'est pas seulement remarquable pour les personnages recueillis, attristés, en attente, en prière, seul face à leur propre expérience, que l'on y voit... mais pour tout ce qu'on y voit pas, inscrit de manière subliminale. Des dessins présents dans leur forme, mais non colorés, annoncent la présence d'esprits tapis dans l'aura de ces personnages, comme accrochés à eux. Parfois de contenu contradictoire, ils peuvent être à la source de sentiments mitigés, conflictuels que ce tableau inspire. Ainsi une boucle au-dessus de la tête de la jeune femme qui fait face, fait penser qu'elle est plus préoccupée par l'idée d'un nouveau chapeau. Un visage souriant est suggéré au-dessus de la tête de l'homme juste à côté. Est-il habité par ses souvenirs de la mourante? Au pied de la jeune fille assise, un ou une bambine joue. Même un animal de compagnie y est dessiné «absent». Autant de représentations d'autres disparus, de projections qui habitent les personnages. Génial.



MUCHA, Alphonse Maria

Alphonse Maria Mucha est né en 1860 à Ivanice en Moravie, près de la ville de Brno dans la République Tchèque moderne. Bien qu'il soit dit qu'Alphonse savait dessiner avant de marcher, c'est surtout la formation à la chorale et la musique amateure qu'il a reçu au cours de ses jeunes années. C'est à la fin de sa formation secondaire, qu'il réalisa que les oeuvres d'art qu'il voyait à l'église et ailleurs était le fait de gens vivants. C'est ce qui le convainquît de devenir peintre, malgré l'emploi respectable que son père lui avait assuré comme clerc à la cour. Comme l'ont fait bien des artistes avant lui, il arriva à Paris en 1887 pour y étudier à l'Académie Julian. Ses frais furent couverts par un mécène de son pays pendant deux ans. Puis, il fut propulsé de proverbial artiste sans avenir et sans le sou à formidable instigateur du mouvement de l'Art Nouveau Français. Ses travaux, des posters pour les pièces de théâtre de Sarah Bernhardt et autres publicités de Champenois, explosaient de sensualité, de romance, de couleurs, de riches sinuosités, de style hautement décoratif.

J'ai observé cette toile longuement. Et je n'arrive jamais à résoudre ce que j'y vois. Assise sur le bord d'un siège ou d'un lit où on retrouve un grand édredon, une dame chapeautée couverte d'une cape rouge, sur laquelle quelques gouttes d'eau dégoulinent, dont une libre dans l'air, fait la lecture ou regarde sans voir un point hors champ, pensive. Son visage est illuminé de rouge, comme le banc. On ressent une fébrilité, une instantanéité et dans un lieu de tranquillité sécurisant... La cape rouge ne divulgue pas son secret. La dernière fois que j'ai été intriguée à ce point fut devant une illusion d'optique où tout le monde déclarait voir un visage alors que je n'y voyait que dalle. Déterminée, j'ai fixé cette image des jours durant... jusqu'à ce que mon esprit me permette de la regarder autrement...



MORBELLI, Angelo

Angelo Morbelli est né à Alessandria en Italie le 18 juillet 1853. Parce que leur mère est morte alors qu'ils étaient enfants, Angelo et son frère Alfredo ont été placés en pension chez les frères-prêtres Somaschi de Casale Monferrato, région où la famille détenait plusieurs propriétés. Dû à une maladie auditive, à l'âge de quatorze ans, il dût abandonner les cours de musique. Il entra à la Brera Academy avec une bourse offerte par la municipalité et se fit rapidement une réputation d'excellence pour ses dessins. Après ses années de formation, cette réputation gagna Milan, le reste de l'Italie, l'Europe et certaines villes américaines. Sa maison était un point de rendez-vous d'artistes vibrants de son époque. Dans ses travaux, il a d'abord abordé la thématique du vieillissement, les paysages, puis a étudié la lumière et la couleur selon le pointillisme, qui a fait sa signature remarquable, le situant parmi les plus grands de ce genre. Philanthrope, mais pas trop sentimental, plutôt fataliste et une touche sceptique, il n'altérait pas ses sujets, les abordant avec un réalisme démontrant son habileté à saisir les humeurs et les aspects psychologiques de la nature humaine, et une certaine participation entre les hommes et la nature.

Du travail au champ. On sent bien l'ordonnancement rationnel et l'organisation systématique de la culture - qui diffère visiblement du chaos organisé de la nature. J'ai fait du travail au champ pour ramasser les patates, les courges, et le fenouil. Cette posture peut être éreintante, et les longues journées difficiles. Mais le travail à ciel ouvert est rempli de cadeaux: du temps de réflexion, le sentiment du travail accompli, la satisfaction de participer aux étapes de la vie. Il est exigeant car il demande une certaine omniscience, de faire face à la répétition cyclique de la vie avec courage, souplesse et débrouillardise. Le titre du tableau «Pour 80 centîmes» fait référence à ce dur labeur sous-payé.