Signifiants pour moi sont les arts martiaux. En quête d'équilibre et de ressourcement pendant le cours des années exigeantes de mes études, je fus introduite au Wing Chun par un jeune expert vietnamien qui appris à maîtriser, de sa tendre jeunesse à sa vie adulte, plus d'une dizaine de disciplines de combat - dont celles des armes blanches - chez les moines bouddhistes chinois. J'ai eu le privilège de recevoir une toute petite portion de ces enseignements en privé. Leste et agile, ce jeune homme à l'apparence fragile, mon maître, savait bouger avec intelligence et prévoyance. Ma santé chancelante ne me permit jamais de dépasser le stade d'introduction qu'il m'arrive encore de pratiquer à ce jour. Mon admiration est sans borne devant la science simple et fort compréhensive de l'énergie et du mouvement du corps humain qu'elle contient. Le Wing Chun, dérivé du Kung Fu, est une pratique défensive qui répond naturellement au corps féminin, mais aussi pratiqué par les hommes. J'aimerais bien retrouver les sensations extraordinaires de l'exercice des "mains collantes" où les yeux fermés, les mains ne quittant pas celles de notre adversaire, nous dévoile une adresse défensive "instinctive" dont on ne se savait pas capable...
Ces silhouettes sont très délicates, élégantes, séduisantes. Ces chapeaux me rappellent une petite pièce de théâtre chantée où j'ai joué une Tonkinoise, enfant, devant tous les parents... chaque fois que c'était mon tour de reprendre la mélodie, le chapeau trouvait moyen de descendre sur mon visage, la foule s'esclaffait, mais je ne lâchais pas la chanson. Quelqu'un, sans se faire voir tirait sur le chapeau en m'emportant la tête par en arrière, mais je ne lâchais pas la chanson. Les autres oubliaient leur texte, je ne lâchais pas la chanson. Si je bougeais, le chapeau redescendait et je ne lâchais pas la chanson. À la fin, ils ont tous salués ensemble, mais j'étais encore perdue sous le chapeau. Des rires. De l'aide. Je finis par faire mon salut seule dans les applaudissements. J'ai su que j'aimais bien faire rire plutôt que de garder mon sérieux. Là. Dans cet instant.
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