dimanche 7 décembre 2008

NGUYEN, Thanh Binh

Thanh Binh est né en 1954 à Hanoi au Vietnam et vit aujourd'hui à Ho Chi Minh (Saïgon) au Cambodge. Gradué du Hanoi College of Fine Art en 1972, il a fait une spécialité de la peinture à l'huile au Gia Dinh National College of Fine Art à Saïgon. Il est inspiré par la musique classique, le ballet et la poésie japonaise de style Haiku et chinoise de la dynastie Tang, qui par quelques lignes seulement détiennent beaucoup de sens. Bien que correspondant aux règles esthétiques et philosophiques de l'Est, il choisit de s'exprimer par le biais d'une forme essentiellement pratiquée dans les pays de l'Ouest. Il crée des toiles simples, avec peu de protagonistes, mais, à l'instar de la poésie qu'il chérit, fortement signifiantes, par l'utilisation de l'espace et le nombre limité de couleurs qu'il utilise. Il est réputé pour ses personnages féminins portant la robe traditionnelle. Il est à la recherche de la beauté, d'une beauté universelle.

Signifiants pour moi sont les arts martiaux. En quête d'équilibre et de ressourcement pendant le cours des années exigeantes de mes études, je fus introduite au Wing Chun par un jeune expert vietnamien qui appris à maîtriser, de sa tendre jeunesse à sa vie adulte, plus d'une dizaine de disciplines de combat - dont celles des armes blanches - chez les moines bouddhistes chinois. J'ai eu le privilège de recevoir une toute petite portion de ces enseignements en privé. Leste et agile, ce jeune homme à l'apparence fragile, mon maître, savait bouger avec intelligence et prévoyance. Ma santé chancelante ne me permit jamais de dépasser le stade d'introduction qu'il m'arrive encore de pratiquer à ce jour. Mon admiration est sans borne devant la science simple et fort compréhensive de l'énergie et du mouvement du corps humain qu'elle contient. Le Wing Chun, dérivé du Kung Fu, est une pratique défensive qui répond naturellement au corps féminin, mais aussi pratiqué par les hommes. J'aimerais bien retrouver les sensations extraordinaires de l'exercice des "mains collantes" où les yeux fermés, les mains ne quittant pas celles de notre adversaire, nous dévoile une adresse défensive "instinctive" dont on ne se savait pas capable...

Ces silhouettes sont très délicates, élégantes, séduisantes. Ces chapeaux me rappellent une petite pièce de théâtre chantée où j'ai joué une Tonkinoise, enfant, devant tous les parents... chaque fois que c'était mon tour de reprendre la mélodie, le chapeau trouvait moyen de descendre sur mon visage, la foule s'esclaffait, mais je ne lâchais pas la chanson. Quelqu'un, sans se faire voir tirait sur le chapeau en m'emportant la tête par en arrière, mais je ne lâchais pas la chanson. Les autres oubliaient leur texte, je ne lâchais pas la chanson. Si je bougeais, le chapeau redescendait et je ne lâchais pas la chanson. À la fin, ils ont tous salués ensemble, mais j'étais encore perdue sous le chapeau. Des rires. De l'aide. Je finis par faire mon salut seule dans les applaudissements. J'ai su que j'aimais bien faire rire plutôt que de garder mon sérieux. Là. Dans cet instant.

Aucun commentaire: