lundi 8 décembre 2008

ZEC, Safet

Safet Zec est né en 1943 à Rogatica en Yougoslavie (aujourd’hui Bosnie-Herzégovine), fils de coordonnier, le dernier de huit enfants. Il commence à dessiner et à peindre à douze ans. Il gradua d'abord de l’École des Arts Appliqués de Sarajevo, puis de l’Académie des Beaux-Arts de Belgrade en 1969. Le courant montant de l'époque était le post-modernisme... à contre-courant avec sa tendance naturelle au figuratif. Cela l'a désillusionné: il détruisit la majorité des oeuvres de cette époque. Il crû abandonner l'art pour la musique un temps, mais il ne pu s'y résoudre. En 1983, il rénove une maison historique avec sa femme et s'établit un atelier à Pocitelj, près de Mostar, une sorte de colonie artistique. Quatres ans plus tard, il revint à Sarajevo tout en faisant la navette à Pocitelj. Avant la désintégration de la Yougoslavie, le rayonnement de la réputation de Zec commençait à dépasser les frontières. Il était à la tête du mouvement "réaliste poétique". Ses travaux étaient exposés dans les galeries en Europe, en Amérique du nord et du sud, au Japon. En 1991, son rêve d'une vie tranquille d'artiste dévoué à son art commença à s'effriter. À son grand désarroi, il a été témoin de sa ville qui vivait paisiblement jusque-là la multi-ethnicité, la multi-religiosité, la multiplicité des langues et des cultures et l'a vu imploser en confrontations haineuses et désastreuses. Cela le laisse encore perplexe et désorienté aujourd'hui. Sa maison et son atelier furent les premiers à périr, ses gravures, les plaques qui représentaient des années de travail disparurent. Puis, ce fut Sarajevo, les gens mouraient, il ne pouvait plus subvenir aux besoins de sa famille, il était temps de partir. Un ami, Corrado Albiccoco l'accueillit à Udine au nord-est de Venise en Italie en 1992 avec sa famille et lui ouvrit les portes de son atelier. Bien que cela lui fut difficile de repartir de zéro, il produit, depuis, une oeuvre superbement riche.. de silence. Ses grands thèmes sont les arbres, les fenêtres, le pain, les outils de travail, les façades et les barques. Aujourd’hui il travaille à Venise et dans son ancien atelier à Sarajevo. Il expose régulièrement à Venise, Paris, New York, Sarajevo…

Cette scène me rappelle mes visites clandestines chez ma grand-mère maternelle. Bien que pauvre, souvent, elle avait de la soupe au feu, et une tarte au four. Si j'avais le malheur de manger trop vite mon morceau, elle concluait rapidement que j'avais encore faim et elle m'en redonnait... À chaque visite, on pouvait lire la joie sur son visage alors qu'elle s'affairait à dresser la table. Et tout était bon. J'ai beaucoup apprécié ces visites où nous avions le temps de partager... Elle était d'un naturel généreux et très expressive. Elle aimait bien rire. Elle avait un faible pour ses enfants adultes les plus troublés qui, sans vergogne, venait la dérober de ses économies. Ils en avaient plus besoin qu'elle, disait-elle, sans rancune. Vers la fin de sa vie, elle devint paralysée et ne pu plus parler, ni nous serrer dans ses bras. Afin de nous signifier sa joie et son affection, elle nous mordait (sans dent) la main. Jusqu'à la fin, ses yeux bleus furent pétillants et animés. C'était de l'amour, inconditionnel et bienveillant.

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